Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

18/03/2007

Questions / réponses

medium_koraichi07chaises2.jpgJ'avais dit à Marie, sur la photo, il a l'air gentil. Yvette est allée chercher des chaises au snack d'à côté. Lorsque Rachid Koraïchi a commencé à parler, toute la librairie s'est tue, et c'est comme si soudain, toute la ville se taisait, la terre entière. J'avais un méchant rhume qui m'obligeait à respirer la bouche grande ouverte, alors j'ai pu avaler tout entier ses mots.
 

medium_koraichi07_010.jpgLa bouche grande ouverte, je l'ai écouté raconter son enfance en Algérie, l'école coranique dès le lever du jour, la glace qu'il fallait briser pour recueillir l'eau des ablutions, les versets à recopier et réciter, les longues, longues journées jusqu'au soir où les femmes venaient raconter des histoires aux enfants qui dormaient, serrés les uns contre les autres. La bouche grande ouverte, je l'ai écouté raconter, ses échanges avec Nancy Houston, sa rencontre avec Chavez, la naissance des livres publiés avec Héliane et Alexandre. En Algérie, on ne les trouve pas. Ils coûteraient un mois de salaire. Rachid Koraïchi a parlé des ses dessins, bien sûr, et a dit, là où nous ne voyons rien, tout a pourtant un sens, le moindre trait une signification.
 

medium_koraichi07_008.jpg La bouche grande ouverte, j'ai englouti l'histoire des moines de Tibhirine, assassinés en 1996. Lorsqu'il a voulu faire un livre de cette histoire, c'est un monument qui est né. Un monument qui ne pouvait exister alors même que le village n'avait pas de mosquée. Et une fois la mosquée construite, c'est l'eau nécessaire au monument qu'il a fallu amener. Rachid Koraïchi a dit sans doute que les artistes font des livres, mais bien plus encore. Et moi je pensais aux livres qui sont, à eux seuls, des monuments.
 
Le soir, j'ai enfin terminé Adieu la chair, de Julia Kino, chez Sarbacane, et ouvert Dol, de Philippe Squarzoni, aux Requins Marteaux. Lorsque je suis sortie sur la terrasse, la grande ourse devant moi faisait comme un point d'interrogation. Sans doute ques les artistes font des livres, et répondent aux questions.

13:50 Publié dans animations | Lien permanent | Commentaires (0)

Les commentaires sont fermés.