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07/03/2008

Hélène Riff

Le 18 octobre dernier (oui, c'est loin) la librairie accueillait Hélène Riff. La rencontre, qui avait lieu dans le cadre des trente ans de la librairie, était animée par Denis Bruyant.

 

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Denis : Hélène, vous êtes auteur illustratrice. Vous êtes née à Alger, un an après mai 68, vous arrivez en France vers l’âge de 10 ans. A 17 ans, vous commencez à étudier aux Beaux Arts de Montpellier, puis à l’école des Arts Appliqués de Lyon et enfin dans l’atelier d’illustration des Arts Déco de Strasbourg avec Claude Lapointe.

Après Paris, vous vivez maintenant dans la ville d’Arles. Vous êtes certes illustratrice, mais vous êtes aussi artiste, écrivain et si l’on en juge par les ouvrages en notre possession, vous êtes très famille ou pour le moins influencée par la famille.

Ce soir, nous nous adressons en particulier à l’auteur et l’illustratrice et ces deux mots ont de l’importance au regard de vos albums. En effet, la relation entre le texte et l’image est toute particulière, puisque le texte est souvent utilisé comme le trait du crayon, il participe pleinement à la composition de l’image. Les mots circulent dans l’image, disposés en plusieurs endroits. En fait, le texte est une vraie composante de l’image, notamment dans Le jour où papa a tué sa vieille tante où l’écriture semble être une véritable illustration.

Les textes sont vivants, vous jouez avec la typographie, les mots sont de conversation, de réflexion de tous les jours, c’est simple en apparence, mais pesé, repesé, des mots auxquels vous ajoutez des pensées, des secrets, des chuchotements, des cris, justement par le jeu typographique.

Quant à vos dessins, c’est du pareil au même ! Esquisse, liberté, transparence, émotion, évocation, croquis, flou et précision. Mais aussi détails et actions, jeu de mise en page, plan éloigné, plan moyen, gros plan, mouvement, force et fragilité des personnages. Voilà ce qu’évoque pour moi la lecture de vos albums. Les nombreux lecteurs qui vous suivent sont intimement convaincus que chaque album est une invitation, je dirais même un privilège, à entrer dans votre univers, sur la pointe des pieds, pour ne pas déranger, pour regarder vivre une famille et partager avec elle joies et souffrances ….et nous surprendre à chaque page.

Après, je l’espère vous avoir mis l’eau à la bouche, et cité quelques-uns des ouvrages dont nous parlerons, il est temps de réveiller Hélène et de savoir si nous avons les moyens de la faire parler !

Si ces livres me rappellent mon âme d’enfant, je me demande comment vous faites pour trouver cette vivacité du texte, cette fraîcheur du dessin, cette aptitude à être un enfant et d’entrer dans son imaginaire ?

Au départ, je me les raconte pas mal jusqu’à ce que je sente que c’est bon. Après feuilles collées et j’écris, je dessine, j’écris….

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Texte et images en même temps ?

En même temps, oui, l’écriture et les images. Je fais plusieurs brouillons. Je travaille par intermittence, je tourne autour du pot.

Ca mûrit lentement…

Quand j’étais petite, l’efficacité était importante, le vide effrayant. Alors je suppose que par réaction, j’ai besoin du vide maintenant.

Il y a une sorte de paradoxe, c’est l’impression de grande souplesse du trait (la rapidité), qui est le contraire du mûrissement dont vous parlez.

Oui, exactement, c’est vrai.

Combien de temps nécessite un album ?

Pour Papa se met en quatre j’ai mis sept ans à le faire. Certaines personnes ont quelque chose dans la tête et dessinent ce qu’ils ont. Moi, je n’ai pas d’images dans ma tête, donc je fais des essais, du coup ça me prend du temps. Mais mon éditeur est très bienveillant, donc j’ai la chance de ne pas avoir cette contrainte du temps.

Vous nous parlez du rôle de l’éditeur ?

Pour Papa se met en quatre et Le jour où papa a tué sa vieille tante, c’est moi qui ai tout décidé. Sur Le tout petit invité, l’éditeur a fait un gros travail pour le système de l’accordéon.

Le tout petit invité est un livre de commande, ce qui signifiait une échéance, et moins d’espace de liberté ?

Au départ, j’ai pensé dire non. Et puis j’ai réussi ! Avec de la discipline, les enfants mis chez la grand-mère, le linge qui déborde des panières…

Quand on regarde Papa se met en quatre, on voit la vieille tante Victorine que l’on retrouve dans l’album Le jour où papa a tué sa vielle tante. Il y a une grande influence de la famille ?

Je viens d’une famille de 6 enfants, mon père de 7 enfants et ma mère de 9 filles. Il est pour moi familier que la famille soit là et nombreuse. Mes albums partent d’histoires vraies, et mon papa est très important, oui.

 

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Le jour où papa a tué sa vieille tante et Papa se met en quatre ont été mis en scène ?

Oui, et ça signifiait le plaisir de n’être plus seule dans mon travail, même si ces mises en scène sont arrivées après les livres. Papa se met en quatre est joué en ce moment à Marseille : Il y a deux acteurs, le papa et la maman, et beaucoup d’interaction avec le public.

On avait promis de parler des moments d’hésitation dans les sept ans qui se sont écoulés entre Le jour où papa a tué sa vieille tante et Papa se met en quatre.

Je travaille toujours un peu, je dessine, je prends des notes, j’écris des chansons, des lettres. J’ai commencé un roman.

Dans votre travail d’artiste, y a t –il une influence de votre grand-mère qui peignait ?

Ma grand-mère était petite, toute ratatinée et on la laissait là au milieu de la nature ; quand on revenait, c’était magique, le paysage était sur la toile, elle avait de grands gestes. Moi aussi, j’ai des grands gestes, je peux passer des heures sur un personnage et faire des grands gestes et prendre le risque de diluer le personnage

La typographie dans vos albums est intéressante, avec cette écriture très petite, qu’on n’arrive pas toujours à lire.

Ce n’est pas grave ! On peut la découvrir à la troisième lecture, peut-être.

 

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Que faites-vous en ce moment ?

J’ai plein d’histoires en germe. En file d’attente. Le choix est inquiétant : est-ce la bonne que j’ai choisi ?

Quel album a été le plus dur à réaliser ?

Papa se met en quatre, l’intérieur était très difficile, je ne savais pas comment dessiner la cuisine. J’ai fait tout un travail de recherche réaliste au départ, mais après on s’en fiche. J’ai vendu tous mes originaux et les recherches à un musée.

et ça ne fait rien de laisser tout ça ?

Non, c’est comme se débarrasser d’un fardeau. Un espace où à chaque lecture, on découvre autre chose.

 

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Comment vous êtes arrivée en littérature jeunesse ?

J’ai fait les Beaux-Arts, au grand désespoir de mes parents. A Strasbourg, j’étais hébergée chez quelqu’un qui faisait de l’illustration. Je me suis inscrite à l’atelier illustration, et j’ai découvert un véritable métier. La peinture, et ses problèmes à part. Pendant trois mois, je me suis interdit d’écrire et d’illustrer en même temps, puis je prends le train et dans ce mouvement, une histoire est née : le dessin et l’écriture dans le même temps. Je travaille en ce moment à un nouvel album. Une maison à quatre moments différents, avec la même famille.

 

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15:14 Publié dans 30 ans | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : hélène riff

Commentaires

Bonjour,
Je souhaite joindre Hélène Riff, et je suis tombée sur votre site.
Pourriez-vous me donner ses coordonnées.
Bien cordialement

Écrit par : virginie Anton | 16/03/2009

Bonjour,
Je cherche en vain le mail d'Hélène Riff que j'aimerais contacter.
Serait-il possible que vous me le transmettiez ?

Merci beaucoup.

Écrit par : Tricot | 28/03/2013

Les commentaires sont fermés.