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11/08/2009

Nos dernières lectures

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Voici deux de nos dernières lectures, un roman ado/adulte uppercut et une anthologie de poésie contemporaine indispensable. La librairie accueille en ce moment une superbe exposition d'originaux de l'album Si, publié chez Gallimard, d'après le poème de Kipling.

 

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Gueule de bois

  • Insa Sané
  • Exprim’, Sarbacane - 15,50 €

 

 

 

Gueule de Bois est le troisième roman d’Insa Sané. Le premier, Sarcelles-Dakar, avait ouvert, en 2006, la collection Exprim’. Gueule de Bois (lendemains qui déchantent) est aussi le premier titre de la collection à être diffusé et vendu dans deux rayons de librairie : en littérature générale et en littérature jeunesse. C’est le même texte, seules les couvertures changent. À ce sujet, il faudrait encore s’interroger. Questionner ce choix d’éditeur, longuement. On se contentera ici, pour le moment, de parler du texte. Et il est très bon.

 

 

La construction d’abord, implacable. Tout se déroule le temps d’une nuit, la nuit où Barak Obama est élu président des États-Unis. Une multitude de personnages, de décors, de chapitres, et une fin tragique, évidemment. La vraie force d’Insa Sané, c’est cette voix, unique, qui tutoie le lecteur et l’embarque dans cette nuit de chair, de drames, d’espoirs et d’enfers. La vraie force, c’est de parler d’aujourd’hui avec une voix vraie, qui interpelle, qui provoque, qui crie.

 

 

Insa Sané parle : de la crise (page 39, très fort !) , de la Marseillaise sifflée dans les stades, de l’Amour, de musique, de rage, de politique, de racisme, de rêves, de guerre, d’avenir… Et plus encore. Il donne, avec ce texte, cette voix juste et nécessaire. Alors oui, c’est une voix crue, parfois violente, parfois poème. Alors oui, la première scène est difficile, et se pose et se posera encore la question de l’âge du lecteur, mais Gueule de bois est une tragédie antique qui slame aux abords des nuits sombres, et parle d’hier et de demain, avec réalisme et révolte. Ce livre, ce cri, il se lit d’une traite et laisse un peu anéanti. Et c’est, je crois, le propre d’une littérature qui sait être parfois là, à l’endroit précis où ça démange. Dérange.

 

 

sacados.jpgSac à dos

  • Collectif
  • Le mot et le reste - 12 €


Les « lecteurs en herbe » de ce Sac à dos, publié par Le mot et le reste, doivent quand même avoir quelques années pour cheminer avec ce livre, sinon d’autres mains, plus âgées, leur tourneront les pages. Parce que la poésie est une musique, une langue sans âge, un « écrire-vivre, tension de langue contre ce qui nous rend muets » (Antoine Emaz).

 

 

Et pour goûter à cette poésie-là, contemporaine, il faut en premier lieu « désapprendre à lire et oublier les fleurs », comme le dit très justement Jean-Michel Espitallier dans sa préface. Désapprendre, d’abord, les rimes, les vers, les sonnets, et ensuite dire et lire, à voix haute ou non, les textes de Pierre Alféri, Eugène Savitzkaya, Charles Pennequin, Valérie Rouzeau, Jacques Roubaud, Nathalie Quintane, Valère Novarina…

 

 

Ce Sac à dos, c’est du bonheur (allez vite page 151, par exemple, lire les Pensées du cirque de Jacques Jouet). Chaque poème est complété par une biographie de l’auteur, ses publications, ainsi que des liens Internet pour aller plus loin. Petit, compact, sans images — mais non, évidemment, rempli de mille images —, c’est une caisse à outils, une boussole, un drôle de chemin à parcourir comme on veut.

 

 

11:45 Publié dans lectures | Lien permanent | Commentaires (0)

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