Coups de coeur et mouvements d'humeur... !

Voilà les dernières lectures de Régine, d'Abracadalire, dans le "comité" qu'on a institué sur la catégorie des premières lectures et des romans jeunes. Et puis de temps en temps, on leur prête quand même des romans ados qu'on juge indispensables. J'aime énormément le regard de Régine et de Sophie. Elles lisent tout, elles critiquent avec franchise et indépendance, et elles partagent ensuite avec conviction et vrai grand amour.

 

 

"Je commence par mes mouvements d’humeur !...

Qu’il m’est difficile de trouver des bons romans pour les enfants de 7-8 ans…

 

 

 

Pourquoi tu cours ?
Karin Serres
Zig Zag, Le Rouergue

Une fillette de 8 ou 9 ans se lève les matins et se prépare un thé (je précise qu’elle n’est pas anglaise), voit passer une fille de sa classe qui fait du jogging avant d’aller à l’école (?!), et entame une réflexion sur les gens qui courent et sur ce qui les poussent à courir.

J’ai trouvé ce récit décalé par rapport à l’âge auquel un enfant pourrait le lire, et je ne l’ai pas trouvé assez explicite. Une fillette qui va en école primaire se dit-elle vraiment que si on court, c’est peut-être pour ne pas se regarder dedans ?!...Quant au chien qui parle alors que nous sommes bien dans la réalité, alors là, non !, un cheveu est tombé dans ma soupe !

 

 

A l’ombre des pirates
Boris Le Roy
Romans Cadet, Actes Sud Junior

Ça pourrait commencer par : « et si on dirait qu’on est des pirates ? ». Bon, OK ! Un pirate, son fils à bord, la maman  sur un autre bateau ennemi (maman moderne qui a quitté son pirate de mari pour un capitaine bien sous tout rapport), un abordage en prévision, c’est parti, mille sabords !

Mais, mais tout bascule lorsque sur le même ton joueur, l’enfant découvre le trafic des esclaves et comprend tout, en une seule fois, compassion, altruisme, respect de l’autre et de la différence etc…  Là, ça ne colle plus du tout. Je trouve que le jeune lecteur est pris pour un sot. Et je n’en dirai pas plus sur la fin : « mais demain est un autre jour ». ça ne te rappelle rien, chère Scarlett !!... Trop, c’est trop.

 

 

 

Encore un petit mouvement d’humeur mais plus pour les mêmes raisons…

 

 

 

Ni vu, ni connu
Olivier Adam
Neuf, L'école des loisirs

Tout d’abord, moi je l’aurais vu en Médium, c’est un souci récurrent à L’école des loisirs entre leurs deux collections Neuf et Médium, mais passons.

C’est Olivier Adam, c’est bien écrit, intimiste et triste. J’ai vraiment eu envie d’aider ce garçon à y voir plus clair et à ne plus se sentir invisible. Toutefois, j’ai un goût amer dans la bouche. Olivier Adam parle de l’humain tel qu’il le découvre sur son chemin de vie à lui et ramène tout cela à un enfant de 9 ans. C’est un peu trop ! Et la fin ne laisse pas beaucoup de place à l’enfant pour grandir avec espoir de changement.

Est-ce la propre histoire d’Olivier Adam ? un enfant lecteur peut-il être le réceptacle d’un travail sur soi d’un écrivain? J’ai dit …nombriliste ?

 

 

 

 

Après, c’est que du bonheur !

 

 

A la fraise de Héléna Villovitch
Neuf, L'école des loisirs

Et si, comme David, on se levait un matin en décidant de changer de prénom ? et nous voilà entraînés dans l’interdépendance des actes qui vont en entraîner d’autres en cascade.

Qui n’a pas rêvé de super pouvoirs de changer d’aspect ceux qui nous blessent et nous mettent en colère ?

Le fantastique et le rire sont au rendez-vous mais il faut bien revenir à la réalité. J’ai trouvé la fin légèrement laborieuse, comme si l’auteure avait peiné à trouver une issue à la situation mais peut-être suis-je trop exigeante ? J’ai vraiment bien aimé.

 

 

 

Crescendo…

 

 

L’heure du renard
M.C. Bérot
Castor Poche Flammarion


Une histoire forte, émouvante comme je les aime. Un hymne à la nature, à la différence et à l’amour inconditionnel (wouaou !! ) avec en plus le surnaturel qui fait tout advenir. J’ai beaucoup beaucoup aimé, j’avais très envie de rester avec eux, j’en ai même voulu à l'éditeur de mettre de la pub pour d’autres titres parus à la fin, je croyais que ça allait durer en core un peu, mais non, c’est très beau comme ça.

 

 

 

Et  et …ta ta !!!

 

Les monts de l’éléphant
J.F. Chabas
Médium, L'école des loisirs

A la page 15, je savais déjà que je n’aurais pas envie de le lâcher avant d’avoir fini. Et une fois terminé, j’ai eu très envie de rester avec Henri, de le connaître, et d’en savoir encore plus sur Promesse. Merci Monsieur Chabas, vous faites très fort ! Henri nous raconte son histoire en s’adressant directement à chacun d’entre nous, lecteur, comme si nous étions installés dans un fauteuil en face de lui. Il nous prend à parti, nous fait des confidences en nous racontant l’histoire de sa vie et nous fait languir jusqu’à la fin pour nous raconter Promesse dont il nous parle dès la première ligne…La langue est belle, les portraits rendent vivants les personnages…et le talent immense pour nous parler de choses si graves…encore merci.

 

 

 

J’ai bien aimé Allez les trolls chez Folio Cadet où les trolls font un peu office de « Bidochons » à l’anglaise, avec tous leurs travers mais aussi de belles qualités beaucoup plus altruistes que chez leurs voisins humains. C’est assez drôle. Je suis sûre que les trolls vont trouver leurs lecteurs.

J’ai aimé également La guerre des livres d’Alain Grousset, le hors-piste chez Gallimard. On retrouve le même punch, le même suspense que dans les autres romans d’Alain Grousset. C’est de la bonne SF pour les plus jeunes. Et puis pour moi, c’était du nectar : imagine, dans un coin de la galaxie, un endroit où on conserve tous les documents écrits de tout l’univers pour les préserver de la folie des êtres qui ne croient plus qu’à la technologie !... j’avais envie de me promener dans ce labyrinthe, trop bien !"