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20/03/2008

Remise des prix du concours d'illustration

La remise des prix du concours d'écriture et d'illustratrion

aura lieu le samedi 29 mars, à 15 heures,

à la librairie L'Eau Vive.

 

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Ce concours avait été organisé par l'association Les amis de L'Eau Vive (merci Marie-Georges) à l'occasion de l'anniversaire des trente ans de la librairie l'Eau Vive. Il était ouvert aux écoles primaires du département du Vaucluse, du Gard et des Bouches-du-rhône (dans un rayon de trente km autour d'Avignon uniquement).

 

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Il s'agissait de réaliser un carnet de lecture géant (format A3) d'une trentaine de pages.
Ce carnet devait reprendre les trente titres d'albums sélectionnés par les libraires Jean-François et Sylvie Sourdais et qui représentaient pour eux leurs coups de cœur de ces trente dernières années en librairie jeunesse.

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Après la tempête des trente ans !, le jury s'est enfin réuni pour désigner les gagnants. Venez assiter nombreux à la remise des prix, et voir ainsi les cahiers fabuleux qu'ont réalisé les enfants autour de Ma Culotte, La petite taupe, J'ai un cauchemar dans mon placard, Jésus Betz, 365 pingouins ou L'Album d'Adèle. 

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15:02 Publié dans concours | Lien permanent | Commentaires (0)

15/03/2008

Ecrire et illustrer des contes

Suite des comptes-rendus des trente ans de la librairie...

 

Le mardi 9 octobre 2007, L'Eau Vive accueillait Kady Kaya, conteuse, et Dominique Rousseau, illustrateur. Denis Bruyant était là pour animer cette rencontre sur le thème de l'écriture et l'illustration des contes.

 

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Denis : Kady Kaya, vous êtes originaire d’Afrique et plus particulièrement de deux pays : le Burkina Faso et le Congo. Vous avez voyagé entre Afrique et France et baigné dans différentes cultures. Vous avez commencé des études de médecine, puis après quatre ans, vous avez décidé de tout remettre en question. Après plein de petits boulots en France et trois filles, vous voici officiellement bavardeuse et raconteuse, même si comme je le crois, on ne devient pas, on l’est, vous l’êtes probablement depuis toujours. Vous avez aussi commis un ouvrage chez l’Harmattan Les Jumeaux de la case carré.

Dominique Rousseau, vous avez fait des études de cinéma, vous avez été animateur-éducateur, animateur d’un atelier théâtre, d’un ciné-club, comédien, musicien de jazz, on vous dit aujourd’hui scénariste, dessinateur, coloriste. Vous arrivez en Avignon en 1993 (par le théâtre, vous nous en parlerez tout à l’heure). Vous animez aujourd’hui des ateliers, stages, vous intervenez en milieu scolaire, êtes formateur à La Passerelle sur l’île de la Barthelasse, le tout pour faire découvrir les coulisses du livre illustré et de la B.D. Vous avez commis de nombreux ouvrages, et collaboré à des séries : Condor, Chintu la petite danseuse, Le secrets des incas…..

 

Denis : Kady a probablement une signification dans votre langue d’origine ?

Kady : Kady veut dire qui me plaît, qui est douce.

Denis : Qu’est-ce qui fait que l’on devient conteuse ?

Kady : Pour moi, le plaisir d’être commère, un peu étrangère chez les uns et les autres, donc parler des uns aux autres.

Denis : Votre coloration dans vos contes ?

Kady : Oui, mais sans faire exprès, ça me vient naturellement.

Denis : L’Origine du conte ?

Kady : Le conte a plusieurs rôles : pour régler les problèmes, pour l’imaginaire. Je peux partir de quelque chose qui existe et que je transforme pour pouvoir raconter. Il y a le besoin d’écrire avant de conter. Les contes écrits sur le papier, je ne peux plus les raconter, ils ont leur vie . Ecrire un conte c’est le faire mourir. Une fois écrit, pour moi c’est sacré. Le conte vit quand on le raconte, dans ma parole, dans mes gestes, dans l’écoute des gens.

C’est le paradoxe : le conte vit, et se modifie, alors qu’une fois sur le papier, c’est celui qui le lit qui l’enrichit, on est alors encore dans la tradition orale. Le même mot n’a pas la même signification selon les personnes. Le conteur est passeur de mots quand il parle et quand il écrit.

Denis : L’illustration est une seconde lecture du conte, quand on doit illustrer un conte, on s’appuie sur le texte et on colle aux mots ou non ?

Dominique : L’illustration accompagne le texte, mais son pouvoir évocateur très fort et différent selon les personnes. Dans Chintu, c’est une écriture au présent avec l’alternance d’illustrations et de textes.

Denis : Si on retire le texte, le lecteur va-t-il être capable de lire le conte, de le comprendre ?

Dominique : Pour Chintu, oui. Le dessin et la mise en scène permettent la compréhension du comportement. Les inséparables est un conte chinois illustré à la gouache : ici, j’ai mélangé les illustrations et la BD.

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Denis : Quel est l’avis du conteur qui lit des contes illustrés ?

Kady : C’est le mélange des deux qui est intéressant.  Pour illustrer ce conte chinois, est-ce que tu t’es documenté sur le pays, les mœurs ?

Dominique : Je travaille sur la Chine ancienne depuis très longtemps (Juge Ti). J’ai utilisé ma documentation, mais je pars toujours de ce que je ressens. C’est un travail presque théâtral au départ, on dessine les personnages de l’intérieur (ce que ressent le personnage).

Denis : Pour « Au pays des rochers qui parlent », quels sont les éléments sur lesquels on s’appuie ?

Dominique : Entre Sisteron et le lac de Serre Ponçon, les gens se promènent et en approchant de rochers ou d’arbres, il y a des paroles. On doit chercher où se trouve le rocher suivant et on suit le même chemin que les personnages.

Il faut d’abord reconnaître les lieux, les contes sont écrits à partir de documents historiques. La contrainte est de passer d’un village à l’autre sans que cela soit dit par le comédien (ne pas citer le village suivant).

Denis : Les jumeaux de la case carré, c’est un conte ou roman ?

Kady : C’est une histoire. Je ne sais pas dans quoi l’enfermer. C’est une histoire, libre.

Denis : Qui est quand même liée à vos racines ?

Kady : C’est mon vécu et celui de ceux qui ont grandi en Afrique. Moi, j’ai grandi en Côte d’Ivoire dans cette culture qui a presque effacé les couleurs (asiatiques, européens…). C’est de ça que j’essayais de parler.

Denis : C’est difficile, quand on est conteuse, de devenir écrivain ?

Kady : On reste diseur, raconteur. Quand on raconte, on est avec ses personnages, quand on écrit aussi.

 

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Public : Et la différence entre le conte et le roman ?

Kady : Dans le conte, il y a une espèce de musique d’enfance, il vous en reste un enrichissement.

Dominique : Le conte est lié à sa tradition orale.

Denis : Le conte écrit est laissé à d’autres : c’est le conte contemporain ?

Kady : Le conte est profondément humain, donc il évolue vers les problèmes des hommes. Le conte est porteur de sens, d’une sagesse, d’une problématique humaine, il ne vieillit pas et en même temps, il est porteur d’une culture et il est intemporel. L’illustration permet un autre regard sur le conte, elle permet de prendre du recul. Le rôle de l’éditeur est de dire : ce conte là, à qui je le propose ? Il doit bien connaître ses illustrateurs pour savoir à qui correspond quoi.

Pour L’ours qui lit, publié chez Didier jeunesse, Eric Pintus et Martine Bourre ne s’étaient jamais rencontrés. Martine Bourre, dans ses illustrations, a vu des choses que l’auteur avait à peine dites, ou suggérées. Ils se sont rencontrés après le livre, et c’était une belle rencontre.

Denis : Pourquoi la France, et Avignon ?

Kady : La seule langue et la seule culture commune entre mes deux parents c’était le français.

Dominique : Ma belle mère vivait seule dans le Luberon. J’en avais marre de Paris, c’est un choix pesé, la tête dans le sud.

Public : Vous êtes autodidacte en dessin ?

Dominique : Oui, mon père dessine. Le secret du dessin, la prise en compte du volume me sont venus plus tard. Le secret de la couleur c’est le noir et blanc.

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Denis : Le secret du conte ?

Kady : Aimer ce que l’on raconte.

07/03/2008

Hélène Riff

Le 18 octobre dernier (oui, c'est loin) la librairie accueillait Hélène Riff. La rencontre, qui avait lieu dans le cadre des trente ans de la librairie, était animée par Denis Bruyant.

 

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Denis : Hélène, vous êtes auteur illustratrice. Vous êtes née à Alger, un an après mai 68, vous arrivez en France vers l’âge de 10 ans. A 17 ans, vous commencez à étudier aux Beaux Arts de Montpellier, puis à l’école des Arts Appliqués de Lyon et enfin dans l’atelier d’illustration des Arts Déco de Strasbourg avec Claude Lapointe.

Après Paris, vous vivez maintenant dans la ville d’Arles. Vous êtes certes illustratrice, mais vous êtes aussi artiste, écrivain et si l’on en juge par les ouvrages en notre possession, vous êtes très famille ou pour le moins influencée par la famille.

Ce soir, nous nous adressons en particulier à l’auteur et l’illustratrice et ces deux mots ont de l’importance au regard de vos albums. En effet, la relation entre le texte et l’image est toute particulière, puisque le texte est souvent utilisé comme le trait du crayon, il participe pleinement à la composition de l’image. Les mots circulent dans l’image, disposés en plusieurs endroits. En fait, le texte est une vraie composante de l’image, notamment dans Le jour où papa a tué sa vieille tante où l’écriture semble être une véritable illustration.

Les textes sont vivants, vous jouez avec la typographie, les mots sont de conversation, de réflexion de tous les jours, c’est simple en apparence, mais pesé, repesé, des mots auxquels vous ajoutez des pensées, des secrets, des chuchotements, des cris, justement par le jeu typographique.

Quant à vos dessins, c’est du pareil au même ! Esquisse, liberté, transparence, émotion, évocation, croquis, flou et précision. Mais aussi détails et actions, jeu de mise en page, plan éloigné, plan moyen, gros plan, mouvement, force et fragilité des personnages. Voilà ce qu’évoque pour moi la lecture de vos albums. Les nombreux lecteurs qui vous suivent sont intimement convaincus que chaque album est une invitation, je dirais même un privilège, à entrer dans votre univers, sur la pointe des pieds, pour ne pas déranger, pour regarder vivre une famille et partager avec elle joies et souffrances ….et nous surprendre à chaque page.

Après, je l’espère vous avoir mis l’eau à la bouche, et cité quelques-uns des ouvrages dont nous parlerons, il est temps de réveiller Hélène et de savoir si nous avons les moyens de la faire parler !

Si ces livres me rappellent mon âme d’enfant, je me demande comment vous faites pour trouver cette vivacité du texte, cette fraîcheur du dessin, cette aptitude à être un enfant et d’entrer dans son imaginaire ?

Au départ, je me les raconte pas mal jusqu’à ce que je sente que c’est bon. Après feuilles collées et j’écris, je dessine, j’écris….

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Texte et images en même temps ?

En même temps, oui, l’écriture et les images. Je fais plusieurs brouillons. Je travaille par intermittence, je tourne autour du pot.

Ca mûrit lentement…

Quand j’étais petite, l’efficacité était importante, le vide effrayant. Alors je suppose que par réaction, j’ai besoin du vide maintenant.

Il y a une sorte de paradoxe, c’est l’impression de grande souplesse du trait (la rapidité), qui est le contraire du mûrissement dont vous parlez.

Oui, exactement, c’est vrai.

Combien de temps nécessite un album ?

Pour Papa se met en quatre j’ai mis sept ans à le faire. Certaines personnes ont quelque chose dans la tête et dessinent ce qu’ils ont. Moi, je n’ai pas d’images dans ma tête, donc je fais des essais, du coup ça me prend du temps. Mais mon éditeur est très bienveillant, donc j’ai la chance de ne pas avoir cette contrainte du temps.

Vous nous parlez du rôle de l’éditeur ?

Pour Papa se met en quatre et Le jour où papa a tué sa vieille tante, c’est moi qui ai tout décidé. Sur Le tout petit invité, l’éditeur a fait un gros travail pour le système de l’accordéon.

Le tout petit invité est un livre de commande, ce qui signifiait une échéance, et moins d’espace de liberté ?

Au départ, j’ai pensé dire non. Et puis j’ai réussi ! Avec de la discipline, les enfants mis chez la grand-mère, le linge qui déborde des panières…

Quand on regarde Papa se met en quatre, on voit la vieille tante Victorine que l’on retrouve dans l’album Le jour où papa a tué sa vielle tante. Il y a une grande influence de la famille ?

Je viens d’une famille de 6 enfants, mon père de 7 enfants et ma mère de 9 filles. Il est pour moi familier que la famille soit là et nombreuse. Mes albums partent d’histoires vraies, et mon papa est très important, oui.

 

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Le jour où papa a tué sa vieille tante et Papa se met en quatre ont été mis en scène ?

Oui, et ça signifiait le plaisir de n’être plus seule dans mon travail, même si ces mises en scène sont arrivées après les livres. Papa se met en quatre est joué en ce moment à Marseille : Il y a deux acteurs, le papa et la maman, et beaucoup d’interaction avec le public.

On avait promis de parler des moments d’hésitation dans les sept ans qui se sont écoulés entre Le jour où papa a tué sa vieille tante et Papa se met en quatre.

Je travaille toujours un peu, je dessine, je prends des notes, j’écris des chansons, des lettres. J’ai commencé un roman.

Dans votre travail d’artiste, y a t –il une influence de votre grand-mère qui peignait ?

Ma grand-mère était petite, toute ratatinée et on la laissait là au milieu de la nature ; quand on revenait, c’était magique, le paysage était sur la toile, elle avait de grands gestes. Moi aussi, j’ai des grands gestes, je peux passer des heures sur un personnage et faire des grands gestes et prendre le risque de diluer le personnage

La typographie dans vos albums est intéressante, avec cette écriture très petite, qu’on n’arrive pas toujours à lire.

Ce n’est pas grave ! On peut la découvrir à la troisième lecture, peut-être.

 

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Que faites-vous en ce moment ?

J’ai plein d’histoires en germe. En file d’attente. Le choix est inquiétant : est-ce la bonne que j’ai choisi ?

Quel album a été le plus dur à réaliser ?

Papa se met en quatre, l’intérieur était très difficile, je ne savais pas comment dessiner la cuisine. J’ai fait tout un travail de recherche réaliste au départ, mais après on s’en fiche. J’ai vendu tous mes originaux et les recherches à un musée.

et ça ne fait rien de laisser tout ça ?

Non, c’est comme se débarrasser d’un fardeau. Un espace où à chaque lecture, on découvre autre chose.

 

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Comment vous êtes arrivée en littérature jeunesse ?

J’ai fait les Beaux-Arts, au grand désespoir de mes parents. A Strasbourg, j’étais hébergée chez quelqu’un qui faisait de l’illustration. Je me suis inscrite à l’atelier illustration, et j’ai découvert un véritable métier. La peinture, et ses problèmes à part. Pendant trois mois, je me suis interdit d’écrire et d’illustrer en même temps, puis je prends le train et dans ce mouvement, une histoire est née : le dessin et l’écriture dans le même temps. Je travaille en ce moment à un nouvel album. Une maison à quatre moments différents, avec la même famille.

 

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15:14 Publié dans 30 ans | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : hélène riff