J’ai pensé qu’ouvrir des livres, c’était ouvrir des portes

C’était un samedi soir du mois d’août. J’étais fatiguée. A 18h30 il avait fallu courir dans tous les sens afin de terminer les choses urgentes avant le week-end.

Elle m’a dit : « C’est quoi tes passions ? » et j’ai dit « lire », et elle a dit « oui mais à part lire ? » et là je n’avais plus envie de répondre.

Les gens qui ne lisent pas ne comprennent pas que lire ça prend toute la place. J’aurais pu lui dire que j’aimais marcher dans la forêt derrière chez moi, manger des tellines aux Saintes-Maries de la mer, prendre le chemin de l’école avec mon fils et les cerisiers en fleurs au printemps.
Mais elle a dit une chose encore pire. Elle a dit « tu ne crois pas que tu te fermes aux gens, en lisant ? ».

J’ai pensé à mon fils. Qui aime tellement lire. Qui, à quatre ans, me dit « dare-dare » parce que la veille, il l’a entendu dans un livre. Je pense aux rêves que ce petit bout d’homme est capable de me raconter au matin parce qu’avant de s’endormir, dans sa chambre, il y avait un chien bleu, un petit bout manquant, des maximonstres et des éléphants qui se déguisent pour le carnaval.

J’ai pensé à mon fils qui n’a pas de télé et qui dit « ketchup » à la place de Petshops sans savoir de quoi il parle vraiment. J’ai pensé au livre de Guillaume Guéraud, Sans la télé, et au cadeau que lui a fait sa mère en l’emmenant au cinéma.

J’ai pensé qu’ouvrir des livres, c’était ouvrir des portes. Quand on donne des livres aux enfants, on leur ouvre des portes. On leur donne accès à des mondes, à des langues, à des étoiles, à la poésie. On leur donne des portes et des clés. Des pages blanches et des larmes, des totems et des tatouages.

Il était tard et j’étais fatiguée. J’ai failli lui dire – mais je n’ai rien dit. J’ai monté les marches qui m’emmenaient loin d’un jardin plein de bruit – et j’ai déployé le silence de la seule voix, ce soir-là, que j’avais envie d’entendre. Une voix d’encre vieille de trente-six ans.

Alors j’ai ri – oui, elle pouvait penser que je me fermais aux gens. Ce soir-là, j’ai corné des pages et envoyé de l’amour par citations interposées. J’ai voyagé, j’ai respiré, j’ai appris. Et j’ai donné. On ne se ferme pas aux gens, non. On s’ouvre. Elle n’a rien compris.


Madeline Roth
(chronique sur le site de Citrouille)

Adieu Chaussette

"Ses grandes oreilles flipeflapent dans le vent".


Adieu Chaussette, Benjamin Chaud, Hélium.

"Peut-être allait-elle en mourir"

Comme promis, on a lu un peu moins de livres adultes et beaucoup de livres jeunesse. Quand même :-). Sauf qu'on manque toujours cruellement de temps pour en parler, mais on peut faire des liens... et juste dire que tous ces livres, chacun à leur manière, nous ont parlé, ces derniers jours...

WebDreamer, d'Anne Mulpas, chez Exprim', Sarbacane. Gaëlle en parle ici. Je ne l'ai pas encore fini (presque) mais je trouve l'écriture d'Anne Mulpas complètement fascinante, et si je ne suis pas fan des incursions facebook, google et wikipedia dans le texte, j'aime beaucoup cet univers où l'on est complètement perdu, halluciné. J'aime aussi beaucoup la tendresse entre Mathis et sa grande soeur.

 

Les sorcières de Skelleftestad Tome 1 : L'étrange mariage de Nils Swedenborg, de Jean-François Chabas, à L'école des loisirs. Bon là, il n'est pas encore sorti, donc je n'ai pas trouvé de lien, et je ne sais pas trop quoi en penser, parce que j'aime énormément les livres de cet auteur, et celui-ci, heu ? C'est plaisant. Voilà. Très plaisant. ça ne m'a pas bouleversé, disons.

 

 

Pourquoi Emma-Jane est tombée de l'arbre et ce qui s'ensuivit, de Laureen Tarshis, chez Bayard. Leslie de Rêv'en Pages en parle ici, et j'ai beaucoup aimé. Pour la petite histoire, à la moitié du livre, j'ai relu en diagonale les premières pages, parce qu'Emma-Jane n'était toujours pas tombée de l'arbre, et je me demandais si je n'avais pas loupé quelque chose...

 

 

Bon, évidemment, il y a La vie juste à côté (encore d'Anne Mulpas, chez Sarbacane), ici, ou là, mais je n'ai pas été assez rapide :-) et puis aussi Il était une fois une vieille dame qui avait avalé une mouche, un superbe livre-objet de Jeremy Holmes chez Mineedition. Parce que c'est embêtant, d'avaler une mouche. "Peut-être allait-elle en mourir". Donc elle avale une araignée, pour avaler la mouche, et un oiseau, pour avaler l'araignée, un chat, pour attraper l'oiseau, etc. Etc. La chute est forcément géniale.

 

 

 

 

 

Deux très belles bd, un peu à l'opposé l'une de l'autre. L'une incroyablement douce, sous la plume de Taniguchi (Quartier Lointain), adaptée d'un roman de Kawakami (Les années douces, Casterman) ; l'autre incroyablement forte, et noire, la découverte des Etats-Unis à travers la quête d'identité d'une jeune fille (Local, Brian Wood et Ryan Kelly, Delcourt).

Bon, et quand même, un livre adulte qu'on voulait lire depuis longtemps, et pfuiiiiiii. Terrible. Sukkwan Island, de David Vann, chez Galmeister. Commencé le soir, fini... le soir même. Impossible de le lâcher. Et très très difficile de s'endormir après.

 

et puis tous ceux-là sont sortis...
(et puis et puis L'école du soir, d'Elzbieta, au Rouergue, il est pas magnifique ?)

 

La rentrée des piles

Septembre, le mois des piles.
Enfin, l'un des mois des piles les plus hautes, on va dire.
Les piles de retours (on est très en retard, cette année), les piles de cartons, les piles de jeux et les piles de nouveautés.

 

(bon j'arrête, après on court partout avec l'appareil photo et on a envie de tout prendre...)

 

 

 

Cinq énormes cartons Volumen, et dedans... Tout à la fin, bien sûr. LE livre qui fait rire dès la première image et met les larmes aux yeux ensuite. LE livre qui annule tous les cartons et toutes les piles.

 

Derrière le mur, d'Elsa Valentin et Isabelle Carrier, chez Alice.

 

 

 

 

(et sinon, ça faisait longtemps que ça me démangeait, ça vous ennuie pas, ça ?
après ça devient comme un tic de maniaco-libraire, à chaque fois qu'on passe devant les bacs, on remet les livres normalement).

 

 

 

Aujourd'hui (2)...

Aujourd'hui... les histoires ont repris !!
Et il y avait foule :-)
dont Jean-Matéo qui sait très bien faire la vache, le chat et le mouton.

 

 

Donc rendez-vous chaque mercredi à 10h30 et chaque samedi à 11h.
A bientôt !

 

et puis une photo que j'aime bien, d'un livre que j'aime bien, d'un auteur que j'aime bien...

 

(hier soir j'ai lu Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants, de Mathias Enard chez Actes Sud, parce que le titre est magnifique - ce sont des mots de Kipling -, que la couverture est très belle, et... et c'est encore un très beau livre - mais promis je lis aussi des livres pour enfants).

 

 

 

Aujourd'hui...

Aujourd'hui...

La soupe de l'espace (version 2) ouvre !

La moitié de l'équipe de L'Eau Vive manifeste, l'autre passe des commandes de fin d'année... !

Pour arriver jusqu'à la librairie, il a fallu parfois rouler dans, allez, 30 cm d'eau, après avoir lu hier soir Ouragan de Laurent Gaudé, qui est un livre absolument bouleversant.

L'équipe de Sarbacane vient nous rendre une visite suprise (et quand ils s'en vont, on court voir au fond de la librairie si leurs romans sont bien là, oui ? ouf :-)

(et hop, d'une pierre deux coups, je pique une image sur le blog de la soupe qui fera plaisir à Sarbacane...!)